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Quand, sur la console, les voyants liés aux capteurs de surface s’allumèrent tous simultanément, simulant un kaléidoscope au plafond de la pièce mal éclairée, Waverly ne s’en émut que modérément. Certes, cela voulait probablement dire qu’une explosion relativement puissante venait de balayer les alentours, mais enfuie à soixante-quatorze mètres sous terre, elle ne risquait pas grand chose. Tout cela avait commencé 4 mois auparavant quand les vénusiens avaient débarqué sur Terre. Nul ne savait comment ils avaient réussi à se cacher aussi longtemps sur leur planète. Une chose de sûr: cela faisait plus d’un siècle qu’ils s’étaient gardés d’envoyer le moindre signal qui eût pu trahir leur présence aux primitives peuplades de la planète bleue. Et puis, sans prévenir, l’armée de gigantesques robots natifs de Vénus avait entrepris d’envahir la Terre. Un milliers de vaisseaux traversant le ciel, s’installant à proximité des plus grandes villes, déchargeant des hordes d’automates conscients et enragés, tuant tout sur leur passage. Un vrai carnage. En quelques jours, l’immense majorité de l’humanité avait disparu. Seuls restaient quelques dizaines de milliers d’êtres humains, terrés au fond des nombreux bunkers que les robots n’avaient pas trouvés ou pas su ouvrir. Et leur manque criant de curiosité et d’ingéniosité permettaient de supputer que les bunkers qui n’étaient pas tombés après quatre mois pourraient tenir aussi longtemps qu’il le faudrait. Quelques dizaines de milliers d’individus, c’était largement suffisant pour que l’humanité puisse renaître une fois sortie de ses cachettes, mais encore faudrait-ils qu’ils sortent, et peu de gens parmi les nouveaux troglodytes envisageaient de le faire avant qu’ils n’y soient contraints. La plupart des bunkers avaient au moins un an de provisions d’avance. Les humains avaient donc à peu près ce temps là pour prévoir leur contre-attaque et en réalité, la plupart étaient assez confiants: non pas qu’ils croyaient pouvoir se transformer en d’hypothétiques soldats surentraînés animés d’un feu sacré pour défendre leur planète natale, mais c’était la planète elle-même qui avait déjà entrepris d’organiser leur défense. Chaque jour, les mastodontes en fer nés au cœur des tempêtes d’acide sulfurique tombaient sous les assauts de l’oxygène et de l’eau, encore quelques mois et les plus coriaces, les plus entraînés d’entre eux ne seraient, comme tous les autres, plus qu’un tas de rouille.

Titre: Rouille

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