24&25 - Expédition, Epouvantail

À bord de la frégate Victoria, la capitaine Ximena Fuentes fignolait les dernières étapes du plan avec son équipage. Pour le Front de Libération de la Terre, cette expédition était capitale. Plus d’une dizaine d’agents secrets avaient coopéré dans une opération à grande échelle permettant d’obtenir, au nez et à la barbe des Bzorbs, une mine d’informations sur le déroulé des opérations minières. Les Bzorbs n’avaient jamais réellement traités les humains comme des êtres dignes du moindre intérêt. Un beau jour, leurs appareils avaient estimé que la Terre contenait des minerais de valeur. Un robot initial avait été envoyé sur Terre, il avait construit des robots d’exploration, des usines de robots d’extractions et un ensemble de robots qui construisait des vaisseaux chargés de ramener les richesses extraites sur la planète d’échange la plus proche. Ce n’est pas tant que les Bzorbs voulaient tuer les humains, mais ils n’avaient pas pris la peine de venir voir ce qu’était la Terre, et ne se préoccupaient simplement pas de l’éventuelle présence d’êtres vivants sur la planète ou des conséquences de leurs actions sur la vie locale. Sûrement que certains écologistes Bzorbs s’émouvaient de la situation, mais elle avait lieu des millions de fois aux quatre coins de l’univers depuis des siècles, et elle avait été fort lucrative pour les Bzorbs. Ceux-ci ne savaient d’ailleurs pas que les humains avaient eux-mêmes lancé l’extraction minière de leurs fonds marins avec la même stratégie quelques siècles auparavant. Évidement, ce qu’il restait de l’humanité vivant encore sur Terre n’avait pas fait long feu, mais une poignée d’humains établis à proximité du système solaire avaient monté la résistance: le Front de Libération de la Terre. Et ils savaient désormais que, pendant quelques minutes, à l’occasion d’une mise à jour globale des systèmes des robots, l’ensemble des machines dépendraient du bon fonctionnement du centre de commande sur la Lune, et qu’une attaque sur celui-ci rendrait simultanément et définitivement inopérants tous les robots Bzorbs. Et cette expédition allait avoir lieu maintenant. Néanmoins, le plan ne se passa pas comme prévu. Une fois arrivé de son saut dans l’hyperespace, la frégate Victoria détecta immédiatement la présence d’un croiseur de combat Bzorbs, armes chargées. N’ayant que quelques secondes pour réagir et avec des chances de réussir la mission virtuellement nulles, la frégate s’échappa aussi vite qu’elle était arrivée, dans l’hyperespace. Pendant ce temps là, à quelques centaines d’années lumières, Yenprasert, une employée Bzorbs de la société minière Luminox discutait avec sa supérieure hiérarchique : « Tout va bien sur l’ensemble de mes cent soixante planètes. La mise a jour s’est bien passée. Ah, au fait, vous vous souvenez que j’avais un petit souci avec la faune locale ? Figurez-vous que j’ai un ami du chantier spatial qui m’a passé le tuyau qu’ils décommissionnaient une trentaine de vieux croiseurs et j’ai pu récupérer les modules d’identification. Je les ai mis dans des carcasses vides à proximité de quelques planètes. Y au moins trois ou quatre planètes où ça a fait déguerpir toutes les bestioles qui nous ravageaient la récolte. Pas mal, non ? »