22 - Bouton#
Viridiana, assise au bureau présidentiel, avait un air grave. Elle rentrait du parlement où elle avait officialisé la déclaration de guerre à la république du Dinescù, suivant des semaines de provocations, qui avaient culminé par une tentative d’invasion militaire via la frontière de l’est. Elle avait tout essayé diplomatiquement pour éviter de faire escalader les tensions, mais son homologue dinescùsien semblait vouloir la guerre plus que tout. Il était temps qu’elle s’impose, face à ce populiste va-t-en-guerre qui passait ses journées sur les réseaux sociaux à affirmer que, parce qu’elle était une femme, elle ne réagirait pas et laisserait son pays se faire envahir. Le droit international l’autorisait à faire usage de la force. Et comme elle avait déjà brandi à plusieurs reprises la menace nucléaire que le dictateur du Dinescù n’avait pas prise au sérieux, eh bien le moment était venu d’en faire usage si la menace se voulait crédible. Ses services secrets avaient présenté le matin-même les trois cibles identifiées comme les plus stratégiques. L’une d’entre elle, particulièrement intéressante, permettait de détruire des pans entiers de l’armada dinsescùsienne avec des pertes humaines limitées et des dégâts civils très peu probables. Soit. Après quelques mots échangés avec ses deux conseillères, elle fit signe à celui de ses deux gardes du corps qui portaient la mallette atomique de la lui apporter, ce qu’il fit. Elle la déverrouilla avec la clé qu’elle portait sur elle nuits et jours depuis la passation de pouvoir, découvrant son contenu pour la première fois. Dedans, un bouton rouge. Viridiana savait ce qu’elle devait faire, elle appuya dessus. Bien évidemment, le bouton n’était relié à rien, ce ne serait ni pratique ni sécurisé. Au lieu de ça, sa conseillère lança discrètement une application sur son téléphone, cliqua sur la cible, puis sur le bouton « boom ».